Nouvelle normalité, nouveau vivre ensemble, le tourisme pour se retrouver, par Coralie Lebon
Voilà maintenant déjà deux mois que nous sommes officiellement tenus au confinement. Fort heureusement, cela n’est pas éternel et les premières mesures de déconfinement se matérialisent progressivement. Certains sont prêts à reprendre du service, d’autres planifient leur relance et d’autres restent dans l’incertitude. Ce qui est pourtant sûr, c’est le nouveau regard que nous portons sur le local, nos entreprises et notre économie.
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Nous sommes à un carrefour décisif! Quel que soit l’angle (économique, environnemental et/ou social), particuliers et professionnels révisent l’orientation de leurs projets, entreprises, comportements et pratiques pour survivre ou encore soutenir l’économie québécoise. Par cette conscientisation, nous sommes en train de co-construire un projet de société : un nouveau vivre-ensemble.
En tourisme, c’est un monde de nouvelles possibilités! Plus que jamais, nous prenons conscience que derrière un service se trouvent un visage, une passion, une histoire, un citoyen et un territoire. Bien que le tourisme soit l’industrie la plus touchée dans cette crise, il sera, à mon sens, le ciment d’un nouveau vivre-ensemble post-pandémie.
Redécouvrir et profiter de nos quartiers, de nos commerçants/artisans, de nos voisins, de nos terrasses et hôtels seront nos prochains voyages! Et ces itinéraires locaux, faits par des locaux, vont profondément bonifier le produit et l’offre touristique locale, mais aussi mondiale. Et pour cause, l’opération séduction post-pandémie sera multiple en tourisme! Elle va devoir répondre à plusieurs cibles, au résident d’abord, puis au touriste international d’ici quelques mois.
Pourquoi le résident d’abord?
La pandémie COVID-19 a figé nos frontières et nous contraint à l’immobilité pour contrer la propagation du virus. L’ampleur des impacts de la crise sanitaire sur nos mobilités internationales est telle que nous serons, dans les prochains mois, contraints de miser sur le tourisme local avant de pouvoir profiter de l’arrivée de touristes internationaux. Malgré un déconfinement progressif des sociétés, les États du monde entier font preuve d’une extrême prudence. Nous nous déconfinons au compte-goutte.
Aux États-Unis, marché d’importance pour le tourisme au Québec, plusieurs États ont depuis le début du mois de mai bien avancé dans leur processus de déconfinement. Cependant, les États les plus avancés sont géographiquement les plus centraux. Pour ce qui est des États du nord-est des États-Unis, une forte proportion est partiellement confinée et d’autres, encore confinés comme le Vermont, par exemple. La frontière canado-américaine étant toujours fermée, la reprise d’un tourisme transfrontalier sera à court terme difficile.
Portrait des mesures de déconfinement par États aux États-Unis selon les critères suivants : confinement chez soi, ouverture des commerces, ouverture des restaurants, bars, et de certains espaces publics (en date du 8 mai 2020)
Source: Alaa Elassar, CNN
En Europe, plusieurs pays ont commencé des mesures de déconfinement. Pour autant, celles directement liées à l’industrie du voyage ne s’assouplissent pas aussi vite que celles liées au commerce de détail. En France, deuxième marché d’importance pour le Québec, les mesures de déconfinement s’amorcent dès le 11 mai, mais les Français devront encore patienter avant de rêver voyage. Une reprise par le tourisme local sera même très difficile dans le pays en raison des limitations de déplacements à 100 km du domicile.
De plus, les quarantaines obligatoires pour les voyageurs revenant de l’étranger vont fortement limiter et contraindre les déplacements hors Union européenne. Les frontières de l’espace Schengen resteront officiellement fermées jusqu’au mois de septembre au moins. Comme le montre le tableau suivant, la relance des événements et festivals, du secteur de la restauration et la réouverture des frontières sont prévues en toute fin des plans de déconfinement. L’Autriche et l’Allemagne sont les seuls pays de l’Union européenne à entrevoir une réouverture bilatérale de leurs frontières respectives au cours de l’été.
Phases de déconfinement d’une sélection de pays européens (en date du 8 mai 2020)
Le tourisme pour mieux se retrouver
Cette première étape de séduction locale va recentrer l’offre autour du résident-touriste. Cela permettra de recréer une vitalité sociale et économique locale activée par les résidents. Une occasion rêvée de balayer d’un revers de main les problématiques à l’origine des bouleversements structurels de nombreuses destinations en Europe où l’offre ne répond plus à la demande locale, mais davantage à la demande internationale.
Bien que fort pénible, il est indéniable que la crise que nous vivons nous rassemble. Nous devons en tant qu’industrie regarder autrement le prisme touriste-résident, car, dans le fond, nous serons tous prochainement touristes dans notre propre ville!
En hôtellerie, le vivre-ensemble est déjà une tendance forte. Décloisonner les portes des hôtels pour les ouvrir vers la ville est une pratique avérée et qui plaît. Nombreux sont ceux et celles qui l’utilisent à bon escient! Pour un repas d’affaires, du télétravail, clore un contrat, un 5@7, une inauguration, un brunch en famille, les formules sont multiples pour profiter d’un hôtel autrefois principalement réservé aux touristes.
Bien sûr il nous faudra vivre avec de nouvelles contraintes de distanciation sociale et de mesures d’hygiène sanitaires qui bouleverseront nos pratiques. Mais il est clair que nous entrons dans une nouvelle ère de vivre-ensemble. Et quoi de mieux placé que le tourisme pour nous réconcilier et raviver la flamme de nous retrouver?
Avec un accroissement du nombre de cas de COVID-19 dans la province, les mesures de limitation de propagation du virus se sont accentuées au cours du mois d’avril particulièrement dans la région du Grand Montréal. Les résultats de l’ensemble des hôtels membres de l’AHGM pour le mois d’avril 2020 sont le reflet d’une situation qui s’est accentuée. L’interdiction de voyages non essentiels et de rassemblements internationaux, inter et intraprovinciaux a immobilisé le marché.
Coralie Lebon
Responsable, intelligence économique
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