Vaste enquête auprès de l’industrie touristique : faits saillants
En avril, les gestionnaires montraient déjà plusieurs signes de détresse financière. Les mises à pied et l’annulation ou le report d’un investissement constituent les deux principales mesures financières d’urgence des entreprises.
Une enquête en ligne a été menée par la Chaire de tourisme Transat en collaboration avec le ministère du Tourisme et l’Alliance de l’industrie touristique du Québec afin de mesurer les impacts de la COVID-19 sur le tourisme au Québec. L’échantillon est composé de 2977 organisations touristiques québécoises interrogées entre le 9 et le 27 avril 2020. La consigne de fermeture des entreprises non essentielles était alors en vigueur. La situation évoluant rapidement, les résultats présentés ci-après dressent un portrait de la situation à une période donnée.
L’ensemble des secteurs d’activité et des régions touristiques sont représentés par l’enquête. Les établissements hôteliers et autres hébergements comme les résidences de tourisme, les campings et les pourvoiries comptent pour 42 % des répondants, suivis des activités en nature et en plein air (10 %) et des organisations culturelles et patrimoniales (9 %). D’un point de vue régional, la répartition des répondants reflète bien le profil de l’industrie touristique québécoise à l’exception des régions de Montréal et de la Montérégie qui sont légèrement sous-représentées.
Note : la représentativité géographique a été évaluée à partir des données du Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) et du Répertoire des établissements d’Emploi-Québec (2018).
Impacts des mesures de confinement
La réaction de la clientèle aux directives gouvernementales a eu des conséquences immédiates sur l’industrie touristique. En avril, presque la totalité (89 %) des répondants avait déjà reçu des reports ou des annulations de la part de leurs clients. Parmi ces derniers, les reports comptaient pour 25 % et les annulations pour 75 % en moyenne.
En conséquence, 80 % des répondants ont fermé ou suspendu leurs activités pour le printemps et plus du tiers (36 %) planifiait déjà garder leurs portes fermées pour la saison estivale.
Au moment de l’enquête, près de la moitié des répondants (45 %) jugeaient catastrophique l’impact de la crise sur leurs affaires. Les deux tiers de l’échantillon estimaient avoir perdu jusqu’à 40 % de leur chiffre d’affaires au cours des trois premiers mois de 2020, tandis que 12 % déclaraient avoir déjà perdu de 91 % à 100 %. Les plus grandes entreprises (plus d’un million $ de chiffre d’affaires) ont été plus touchées que les autres.
Source : Chaire de tourisme Transat. Enquête sur les impacts de la COVID-19 sur l’industrie touristique au Québec, menée du 9 au 27 avril 2020.
Mesures exceptionnelles en temps de pandémie
En moyenne, pour chacune des entreprises, ce sont 10 emplois permanents et 18 emplois saisonniers qui ont été suspendus en lien avec la crise. Les mises à pied et l’annulation ou le report d’un investissement constituent les deux principales mesures financières d’urgence des entreprises.
Craintes pour l’avenir
En avril, les gestionnaires montraient déjà plusieurs signes de détresse financière. Plusieurs anticipaient les difficultés suivantes au cours des trois prochains mois :
- Trois répondants sur dix déclaraient avoir peur de faire faillite ou de devoir fermer de façon permanente;
- La moitié (49 %) des répondants jugent qu’ils auront de la difficulté à payer leurs fournisseurs, et 24 %, leurs employés;
- Quelque 18 % estimaient devoir renvoyer définitivement du personnel au cours des prochains mois.
Près de 6 répondants sur 10 jugeaient ne pas avoir suffisamment de liquidités pour tenir un mois tandis que 41 % mentionnaient pouvoir tenir encore quelques mois. Une organisation ouverte à l’année sur cinq et plus du quart (27 %) des restaurants, bars et cafés avaient besoin de liquidités immédiatement.
Confiance à gagner pour la relance
Une grande majorité de répondants se dit inquiète quant à la perte durable de clientèle touristique (72 %). Un peu plus d’un répondant sur deux croit que la province accueillera moins de touristes québécois qu’à l’habitude cet été. Le tiers (34 %) pense le contraire, soit qu’ils seront plus nombreux.
Même scénario pour la reprise normale des activités : la moitié des organisations (49 %) estime pouvoir reprendre son rythme habituel d’ici les 6 prochains mois. L’autre moitié juge plutôt avoir besoin de plus de 6 mois, voire plus d’un an (30 % des organisations sondées). Les lieux de congrès et de réunion, les festivals et évènements et les réceptifs ou voyagistes sont plus nombreux à envisager une plus longue période avant un retour à la « normale » de leurs activités.
Les prochains 12 à 18 mois s’annoncent remplis de défis pour l’industrie touristique. Le secteur a besoin plus que jamais de montrer sa solidarité et de rassurer la clientèle. Les plans sanitaires en cours de validation et une campagne de promotion intra-Québec constitue un pas dans la bonne direction pour la réouverture graduelle des activités.
Consulter le sommaire exécutif du Sondage sur l’impact de la COVID-19 sur les entreprises touristiques québécoises.
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Source(s)
Chaire de tourisme Transat. Enquête sur les impacts de la COVID-19 sur l’industrie touristique au Québec, menée du 9 au 27 avril 2020.
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