La gestion du tourisme en temps de crise : Toronto, un an après le SRAS. Quelles leçons retenir ?
Gueuleton touristique de la Chaire de Tourisme de l’UQAM, tenu le 3 février 2004 à l’hôtel Le Reine Elizabeth de Montréal.
Conférenciers invités :
Bruce MacMillan, président-directeur général, Toronto Convention & Visitors Association
Yves Dupré, président de la firme de relations publiques BDDS Weber Shandwick
« Gérer une crise, c’est être PRÊT à faire face à l’adversité, s’appliquer à RÉDUIRE le mieux possible les impacts négatifs ET s’assurer de la fluidité du processus de gestion malgré le chaos. » Yves Dupré
LE CAS DE TORONTO – Bruce MacMillan
Lors de son allocution, Bruce MacMillan a souligné l’importance de contrôler les dommages engendrés par une crise, d’avoir un plan de communication efficace et de mettre rapidement à exécution un plan de rétablissement. De cette crise, Toronto a tiré plusieurs leçons.
Contrôle des dommages
- Déterminer s’il y a vraiment une crise.
- Agir rapidement.
- Bien connaître les faits et les communiquer.
- Travailler ensemble – réunir les acteurs clés (paliers gouvernementaux et administration municipale, transport aérien, hôtellerie, restauration, congrès, agents économiques, etc.).
- Déterminer les principaux impacts de la crise.
- Définir un plan de communication.
- Établir rapidement un plan de rétablissement.
- Prioriser les activités de recherche (ébauche de scénarios, mesure de l’efficacité des actions, comportement de la population, etc.) – on y apprend beaucoup.
Plan de communication – diffusion intensive
- Laisser aux spécialistes de la santé le soin de communiquer l’état de la situation et de rassurer la population.
- Désigner un seul porte-parole compétent, crédible et efficace pour toutes les questions autres que la santé.
- Mobiliser les réseaux et utiliser Internet.
- Communiquer avec les voyagistes, les organisateurs de congrès et autres intervenants afin de les rassurer.
- Démontrer que la destination est sécuritaire et inciter les gens à y revenir.
Plan de rétablissement
- Générer un mouvement de solidarité et d’enthousiasme entre les principaux acteurs économiques et touristiques et rallier aussi la population.
- Obtenir le support financier du gouvernement et de tous les secteurs d’activités pour le lancement d’une importante campagne promotionnelle.
- Lancer une campagne promotionnelle en trois temps – niveaux régional, national et international – et sur une période de deux années.
- Utiliser plusieurs axes promotionnels – publicité dans les médias, forfaits attrayants (Wayne Gretzky) et grands événements (Rolling Stones).
Leçons à retenir
- Les médias ont amplifié la crise en présentant la situation pire qu’elle ne l’était – 70 % des gens ont eu cette impression.
- Les voyageurs se tournent vers les instances de santé pour se tenir informés et obtenir le feu vert.
- Il faut laisser les questions sanitaires aux professionnels de la santé.
- On ne communique jamais assez.
- Plusieurs ont découvert et reconnu le poids économique de l’industrie touristique.
- Travailler ensemble est fondamental – il faut rallier autant les intervenants que la population et laisser tomber la rivalité entre les destinations canadiennes.
- La baisse des prix ne représente pas la bonne stratégie à adopter – il devient difficile de restaurer les prix rapidement et les difficultés financières se prolongent.
- Pendant la crise, la publicité a eu peu d’impact. La campagne promotionnelle doit se tenir après la crise et non pendant celle-ci.
- Le travail de remise en confiance doit se faire au palier régional en premier lieu car même les Torontois fuyaient la ville.
- Rétablir le sentiment de sécurité prend du temps.
- Les voyageurs ont tellement de choix qu’ils éviteront les destinations qui sont perçues comme non sécuritaires.
- Le SRAS a poussé Toronto à revoir son positionnement – redéfinition de l’image de la destination autour de la culture et du divertissement.
PRÉVOIR L’IMPRÉVISIBLE – Les grands principes de la gestion de crise –Yves Dupré
Une crise, ça se prévoit ! Les organisations sérieuses prennent très tôt la décision d’imbriquer la fonction « gestion de crise » dans le modèle de gestion institutionnel.
- Instaurer une cellule de crise et ébaucher différents scénarios bien avant qu’une crise ne survienne.
- Ne pas nier l’existence d’une crise ou en minimiser l’ampleur.
- Agir rapidement.
- Désigner un leader compétent et efficace – dossiers souvent complexes en raison des nombreuses parties impliquées.
- Obtenir l’engagement de tous les intervenants concernés.
- Désigner un seul décideur – impensable d’obtenir un consensus en temps de crise.
- Coordonner rigoureusement toutes les interventions.
- Avoir une cellule qui génère des scénarios basés sur les perceptions des acteurs clés, que l’on valide par la suite.
- Attendre le moment opportun pour diffuser l’information.
- Disposer d’un centre d’opérations bien outillé.
- Déterminer où nous en serons à la sortie de la crise et maintenir le cap sur cet objectif.
- Évaluer « objectivement » les dommages.
- Mettre en marche rapidement un plan de rétablissement.
- Restaurer la crédibilité/réputation.
- Lancer la publicité.
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