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Analyse - 18 juillet 2023

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juillet 2023

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Responsabiliser les visiteurs : un petit fruit à la fois

L’autocueillette compte de plus en plus d’adeptes. Comment s’assurer que les visiteurs respectent les écosystèmes et le travail des agriculteurs ?

Le contact avec le territoire et la connexion avec le milieu d’accueil font partie des tendances touristiques phares. L’autocueillette offre l’occasion de découvrir le terroir local et de s’imprégner du savoir-faire des artisans. Mais pour éviter de mettre en péril des écosystèmes fragiles, ces activités doivent être pratiquées en respectant certaines règles. Plusieurs moyens de cueillir de façon responsable peuvent être adoptés. 

Une grande variété de produits en autocueillette

Au Québec, la saisonnalité et la biodiversité offrent un grand éventail de produits culinaires champêtres et sauvages, au grand plaisir des consommateurs. À la traditionnelle cueillette de pommes et de fraises s’ajoute maintenant des produits comme la camerise, les fleurs sauvages, l’argousier, les artichauts et les groseilles. L’offre variée répond à la demande diversifiée d’un public gourmand aguerri qui souhaite pratiquer une activité en plein air tout en garnissant son panier de produits frais. Un sondage mené par la Chaire de tourisme Transat fait mention que 28% des Québécois ayant séjourné dans la province à l’été 2022 ont fait une visite agrotouristique. L’autocueillette en fait évidemment partie.  

À titre de cueilleur, de nombreuses directives doivent être respectées afin de prendre en considération la fragilité et la croissance de certaines espèces. La cueillette responsable s’inscrit comme une récolte de fruits, légumes, fleurs ou autres spécimens qui respecte le rythme de croissance des espèces et le travail des agriculteurs. Dans le but que l’expérience des visiteurs soit positive et que les impacts négatifs pour les producteurs et les milieux naturels soient minimisés, quelles bonnes pratiques peuvent être adoptées?   

Une stratégie durable ayant des bénéfices pour tous

La mise en place d’une activité d’autocueillette peut permettre des profits réguliers et intéressants pour les agriculteurs. Cela demande toutefois une organisation afin de répondre aux besoins des visiteurs et assurer des bénéfices pour toutes les parties impliquées. Les clients souhaitent vivre une expérience fluide et personnalisée. La rencontre des artisans proposée dans les champs lors de l’autocueillette est donc alignée sur cette volonté de recevoir un accueil cordial et de donner du sens à leur visite. En impliquant et en responsabilisant les visiteurs sur les bonnes pratiques à adopter sur place, ces derniers participent à la stratégie durable de l’entreprise et il convient de leur rappeler le rôle clé qu’ils jouent. 

Prendre le temps

Lors d’une activité d’autocueillette, il est important de valoriser une expérience lente. Celle-ci peut comprendre un volet visant à informer et à raconter des anecdotes à propos du travail dans les champs et des défis quotidiens des agriculteurs.  En comprenant la réalité et en étant conscients des efforts, les visiteurs souhaiteront aider à garder les lieux en bonnes conditions. Lors de leur arrivée, il convient de rappeler la bonne marche à suivre. Prendre le temps de trouver des petits fruits dans des arbustes ou bosquet dans lesquels il n’y a pas nécessairement une grande abondance, mais dans lesquels il reste tout de même de nombreux échantillons à cueillir.  

Gérer l’affluence sur le site

Les gestionnaires des sites doivent gérer une fréquentation de plus en plus élevée avec des visiteurs dont les connaissances peuvent être variables. Limiter le nombre d’entrées afin de pouvoir mieux encadrer les groupes sur place est un moyen favorable d’assurer une expérience agréable. Il existe dorénavant plusieurs outils technologiques permettant de mieux prévoir l’achalandage et d’offrir une expérience améliorée. Par exemple, la Ferme Pure Land du Texas, utilise un programme en ligne permettant de réserver une plage horaire pour la cueillette par l’intermédiaire du site web de l’entreprise. Les responsables de la ferme établissent les seuils maximaux de visiteurs en fonction des prévisions météo et du personnel disponible. 

Communiquer efficacement les bonnes pratiques à adopter

Dans le contexte où il est parfois difficile d’avoir des employé.e.s sur place pour communiquer certaines règles à respecter, il convient d’opter pour des panneaux d’information. Disposé à l’entrée et près des aires de stationnement, l’affichage peut permettre une meilleure compréhension de l’importance de cueillir les fruits et légumes avec attention. De façon plus générale, il serait fort intéressant d’introduire des stratégies de cueillette et des outils de communication globaux pour communiquer les meilleures méthodes à adopter sur un territoire, une approche novatrice pour introduire des pratiques responsables à l’échelle d’une destination. La Ferme Pure Land intègre, quant à elle, des codes QR directement dans ses jardins afin de présenter les différentes cultures et les meilleurs moyens de les cueillir, les nettoyer et les préparer. Ces informations sont aussi disponibles directement sur le site Web de l’entreprise.  

Source : Pure Land Organic 

Il est essentiel de se munir de moyens de communication afin de fournir des informations claires aux visiteurs sur les méthodes de cueillette, que ce soit en amont ou au moment de la visite.   

  • Partager les outils pratiques et les méthodes de cueillette par l’intermédiaire des médias sociaux et du site Web de l’entreprise ;  
  • Accueillir les visiteurs en les informant sur les meilleures méthodes de cueillette ;  
  • Favoriser un affichage adapté à la clientèle, advenant le cas où la disponibilité de la main-d’œuvre est un défi dans l’entreprise ;  
  • Identifier les espaces accessibles aux visiteurs et expliquer les impacts du non-respect des consignes;  
  • Former le personnel à bien guider les visiteurs vers les plants qui contiennent toujours des fruits, même s’ils ne sont pas aussi abondants que d’autres.  

 

L’autocueillette responsable passe par l’éducation 

Il existe actuellement peu d’outils de communication prêts à être utilisés afin de partager les meilleures pratiques à employer sur le lieu d’autocueillette. Pour Pascal Goulet, co-propriétaires de Camerise et Compagnie, l’autocueillette responsable passe avant tout par le respect de son travail et du lieu. Lorsque les visiteurs adoptent un bon comportement, M. Goulet se sent respecté et est motivé à offrir la meilleure expérience possible.  L’éducation et la sensibilisation des visiteurs sont essentielles afin de valoriser le travail des agriculteurs et de permettre la régénérescence des milieux naturels. On observe en effet une méconnaissance des bons gestes à adopter dans les champs, selon les cultures.

Contrairement aux pommes ou aux fraises qui murissent sur l’arbre, la camerise est un fruit vulnérable. À partir du moment où les filets sont retirés des arbustes, ils deviennent incessamment la proie des oiseaux et des petits animaux. Selon lui, l’approche à préconiser est de se montrer disponible pour répondre aux questions et assurer une présence afin d’informer sur les bonnes pratiques à adopter dans un champ. Les agriculteurs sont les personnes les mieux positionnées pour informer les visiteurs du meilleur moyen de respecter leur travail.  

Image à la une : Pixabay

Source(s)

- Porter, Rachel « Successful Strategies For Profitable U-Pick Farms », 27 avril 2023 

- Gagnon-Paradis, Iris « Petit guide du cueilleur sauvage et responsable », La Presse , 29 novembre 2019.  

- Réseau de veille en tourisme. Entrevue avec Pascal Goulet, co-propriétaire, Camerise & compagnie, 25 mai 2023. 

- Aubé, Julie « Le grincement de dents de Gérald Le Gal: stop à la cueillette sauvage «sauvage », Caribou , 28 avril 2018 

-- Association de l’Agrotourisme et du Tourisme Gourmand du Québec « Étude sur les retombées socio-économiques et touristiques de l’agrotourisme et du tourisme gourmand au Québec », Janvier 2023 

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