Les hôtels passent au vert!
Beaucoup plus qu’un effet de mode, le virage vert deviendra rapidement un incontournable, si ce n’est déjà fait. Des grandes chaînes comme Fairmont et Accor sont engagées depuis déjà un bon moment dans la réduction, entre autres, de leur consommation énergétique. Les mesures vertes permettent une réduction des coûts d’exploitation et un plus grand pouvoir d’attraction, en plus de marquer des points sur le plan de l’image. Cet article présente une série d’actions concrètes pour améliorer votre performance environnementale.
Pourquoi prendre le virage vert?
Les touristes sont de plus en plus sensibles à la question environnementale. Selon un sondage de l’organisme américain Travel Industry Association (TIA), plus des trois-quarts des voyageurs américains estiment important que leurs visites ne génèrent pas de dommages à l’environnement.
Par ailleurs, plusieurs colloques et congrès majeurs favorisent les établissements «verts» dans le choix d’un site. Aussi, des agences gouvernementales américaines et certaines grandes compagnies encouragent-elles leurs employés en voyage d’affaires à séjourner dans des hôtels qui ont adopté des comportements écologiques.
La certification LEED
La certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) constitue Le label en matière de design, de construction et de performance environnementale. Son rôle: encourager et accélérer l’adoption de pratiques vertes et durables dans le domaine de la construction et du bâtiment. Elle fournit les outils nécessaires pour implanter des mesures à cinq niveaux:
- développement durable du site,
- économie d’eau,
- efficacité énergétique,
- sélection des matériaux,
- qualité environnementale intérieure.
Cette certification peut s’appliquer, entre autres, à une nouvelle construction, à un bâtiment existant, au design intérieur, à une habitation ou à un quartier.
Et c’est payant!
Selon le U.S. Green Building Council (USGBC), organisme en charge du programme LEED, un établissement certifié LEED, qui implique grosso modo une hausse des coûts de construction de 1 à 2%, devrait réaliser des économies de:
- 30 à 50% en utilisation d’énergie,
- 35% en émissions de carbone,
- 40% en émissions d’eau,
- 70% en déchets solides.
À titre indicatif, le programme écoénergétique américain «Energy Star» adapte ces données au langage hôtelier. Il estime qu’une réduction de 30 à 50% en consommation énergétique équivaut à une hausse du tarif quotidien de 1,80 à 3,00 USD pour un hôtel limited service et de 4,00 à 6,75 USD pour un hotel full service.
Sans nécessairement prendre un virage radical, un établissement hôtelier peut cependant effectuer plusieurs petits changements qui lui permettront de faire des économies et d’améliorer sa performance environnementale. En général, les hôtels qui adoptent des mesures écologiques retirent des bénéfices de trois façons:
- Par la réduction des coûts d’exploitation: en ayant recours à des moyens pour réduire la consommation d’énergie, le gaspillage, l’utilisation de l’eau, etc.
- Par une image rafraîchie et une réputation favorable: se doter d’une image plus «verte» constitue aujourd’hui plus la norme que l’exception.
- Par une augmentation des revenus: en réinvestissant les économies réalisées grâce aux mesures vertes dans l’amélioration des services offerts ou pour rehausser l’expérience d’hébergement. Ce qui se traduit finalement par une hausse des tarifs ou du taux d’occupation.
Exemples d’hôtels verts
Le magazine Travel and Leisure, en partenariat avec l’organisme environnemental Conservation International, identifiait récemment leurs 20 hôtels verts préférés. Mentionnons les deux suivants:
Strattons Hotel Norfolk, Royaume-Uni. Les propriétaires du Strattons Hotel Norfolk ont développé une politique environnementale qu’ils réévaluent chaque année. Les employés doivent y adhérer, l’appliquer et sont invités à émettre leurs idées. Cette politique favorise, entre autres, les produits locaux, la réduction significative des déchets (de 2001 à 2006 ils ont diminué de moitié) et le recours à des outils permettant une gestion écoénergétique du bâtiment.
Spice Island Beach Resort, Grenade. Dans ce luxueux resort de 64 chambres, l’eau est chauffée grâce à l’énergie solaire, les ampoules électriques sont écoénergétiques (fluocompactes), l’eau de la piscine est traitée à l’eau salée plutôt qu’au chlore. Le compostage et le recyclage font partie des mœurs de l’endroit: on composte tous les déchets de table, on réutilise les restes de savon pour en faire du détergent pour laver les uniformes de l’hôtel.
Un autre exemple de l’intérêt pour des projets verts… La célèbre et extravagante destination touristique de Dubaï, dont les préoccupations environnementales peuvent sembler bien loin, caresse le projet d’un édifice commercial de 322 mètres qui ne produira, selon son architecte, aucune émission de CO². Pour y arriver, on aura notamment recours aux énergies renouvelables générées par le soleil, le vent et l’eau.
Plus près de nous, la chaîne Fairmont agit à titre de pionnière dans le domaine puisque, en 1990, elle mettait sur pied le «Partenariat Vert de Fairmont» (document qui fait office de guide de bonnes pratiques hôtelières), c’est-à-dire qu’elle s’engageait à minimiser l’impact de l’exploitation des hôtels sur l’environnement. Ce faisant, la chaîne a remporté en 2006 le prix du Best Corporate Social Responsibility Program.
Au Québec
Cette tendance interpelle aussi les hôteliers québécois. Plusieurs établissements ont développé des comportements responsables pour une meilleure utilisation des ressources, notamment par la récupération, le recours aux produits locaux ou l’installation d’outils écoénergétiques. Parmi les nouveaux projets, le groupe Germain annonçait au printemps 2007 le lancement d’une chaîne d’hôtels, ALT, dont la conception intègre la technologie par géothermie. Ces hôtels comprendront aussi d’autres caractéristiques pro-environnementales tels la récupération de la chaleur de drainage des laveuses commerciales, un système d’éclairage économe d’énergie et des capteurs de qualité d’air dans les salles de réunion, pour ne nommer que celles-là.
Intrawest aussi voit vert. Le promoteur aspire à ce que le développement immobilier du Versant Soleil de la station Mont-Tremblant soit certifié LEED. On fait référence, entre autres, à l’eau de pluie récupérée et à l’utilisation de la matière excavée pour la construction.
Quelques actions simples à envisager dès maintenant
Pour améliorer votre performance environnementale, réduire le gaspillage et, par le fait même, vos coûts d’exploitation, voici quelques solutions vertes applicables au milieu hôtelier.
- Choisissez des ampoules électriques fluocompactes.
- Utilisez des compteurs ou des minuteries pour les lieux moins fréquentés.
- Installez un double mécanisme de chasse d’eau (3 ou 6 litres) dans les toilettes.
- Sensibilisez vos employés à la cause environnementale et incitez-les à fermer les lumières et à baisser le chauffage ou l’air climatisé (et à fermer les rideaux) dans les chambres inoccupées.
- Installez des contenants pour le recyclage dans les chambres ainsi que dans les zones communes.
Achetez les produits biologiques, équitables et si possible locaux. - Choisissez des produits de nettoyage, des désinfectants, des peintures et des pesticides non toxiques, ou moins toxiques.
- Optez pour des items réutilisables comme des serviettes de table en tissu. Évitez les verres en plastique ou, pire, en styromousse.
- Récupérez les nappes tachées et faites-en des serviettes de table ou encore des tabliers pour les employés de la cuisine.
- Offrez les surplus de nourriture à un organisme local de charité (genre soupe populaire).
- Compostez les déchets de cuisine.
- Choisissez des produits faits à partir de matériaux recyclés pour le matériel de bureau.
- Utilisez du papier recyclé non blanchi ou encore blanchi à l’aide d’un procédé sans chlore.
- Minimisez la quantité de papier utilisé pour les clients en réduisant, notamment, la taille des feuilles, ou en favorisant les communications par courriels.
- Choisissez un système de chauffage à énergie solaire pour la piscine et recouvrez-la d’une toile lorsqu’elle est fermée.
Sources:
– Butler, Jim. «The ‘Real Economics’ Behind GREEN Hotel Development, Conversion and Operation», [www.hotelonline.com], 29 octobre 2007.
– Crous, Yolanda. «Our 20 Favorite Green Hotels», [www.travelandleisure.com], novembre 2007.
– Dubuc, André. «Une place pour l’environnement dans les centres de villégiature», [www.visiondurable.com], octobre 2007.
– Fletcher, Kevin A. «Fitting Greening Efforts Into Your Hotel Operations & Marketing Strategies», HSMAI Marketing Review, hiver 2006-2007.
– Kriscenski, Ali. «Burj Al-Taqa: Zero-Energy Tower for the Middle East», [www.inhabitat.com], 18 octobre 2007.
– Namovich, Richard. «Will a Hotel’s Sustainable Green Program Generate New Revenue and Increased Profits?», [www.hotelonline.com], 2 novembre 2007.
– Globalstewards.org. «Sustainable Solutions for Green Hotels», consulté le 6 novembre 2007.Sites Web:
ACCOR
ALT Hotels
Energy Star
Fairmont
LEED
Spice Island Beach Resort
Strattons Hotel Norfolk
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Il existe un certain débat concernat les ampoules fluocompactes.
Elles sont généralement suremballées dans du plastiques, elles contiennent du plomp et un autres gaz toxics et elles ne sont pas recyclées. Ainsi, sans mesure de récupération, elles se retrouvent aux sites d’enfouissement et elles polluent grandement ceux-ci.
Leurs utilisations est donc bien pour Hydro-Québec (réduction de la consommation d’énergie), mais ce n’est pas sur que c’est bien bon collectivement.
À suivre, si quelqu’un à d’autre information.