Mettre les pendules à l’heure… de la Chine
La Chine… et ses 41 millions de voyageurs internationaux en 2007 – en hausse de 290% depuis 2000 et de 18,6% par rapport à 2006 – …fait rêver. Pourtant, le Canada n’est toujours pas intégré à la liste des 134 destinations autorisées par le gouvernement chinois. Mais que cela signifie-t-il au juste? Où se situe le Canada par rapport à ce marché? Comment la situation évolue-t-elle? Quel est le potentiel auquel on peut s’attendre?
Le fameux «Statut de destination autorisée (SDA)» que le Canada n’a pas
D’une part, malgré une ouverture beaucoup plus grande, le gouvernement chinois surveille encore de près les déplacements de sa population. Officiellement, seuls les voyages effectués dans le but de visiter des membres de la famille qui vivent à l’étranger, d’étudier ou de faire des affaires sont permis. Il est possible de se procurer un visa pour ces raisons et les procédures s’assouplissent de plus en plus.
D’autre part, depuis 1997, la Chine accepte les touristes d’agrément en son sol et permet à sa population de réaliser des voyages d’agrément dans des destinations approuvées, soit dans les pays qui ont conclu une entente bilatérale avec la Chine et ont ainsi obtenu le SDA. Un visa peut être délivré aux résidants chinois qui feront partie d’un voyage de groupe (minimum de cinq personnes) organisé vers ces destinations par un grossiste autorisé par la Chinese National Tourism Association. Les voyages indépendants ne sont pas encore permis. Outre la possibilité d’accueillir les voyageurs d’agrément, l’autre avantage considérable pour les «destinations approuvées» est que celles-ci peuvent réaliser des activités de promotion auprès du marché chinois. C’est le début d’une nouvelle ère pour le tourisme chinois qui, depuis, ne cesse de progresser.
L’Australie a été le premier pays à obtenir ce statut en 1999 et la liste atteint maintenant 134 destinations. Le dernier en liste et non le moindre, les États-Unis, a conclu une entente en décembre 2007. Ce pays pourra recevoir des touristes d’agrément dès ce printemps. Le Canada accuse donc un retard évident dans l’avancement des discussions. Divers facteurs ont joué sur cette situation:
- Notre proximité des États-Unis inquiétait la Chine en raison des risques de voir des déserteurs ou des réfugiés tenter d’entrer aux États-Unis par le Canada. Maintenant qu’ils ont obtenu le SDA, ce facteur n’est plus un enjeu et peut même faire avancer la cause du Canada.
- Un conflit concernant un fugitif chinois a longtemps joué sur les relations avec la Chine, mais ce différend s’est adouci.
- Les nouveaux irritants sont plutôt attribuables aux relations houleuses de l’administration du premier ministre Harper avec la Chine. Le gouvernement de M. Harper a en effet critiqué ses politiques en matière de droits de l’homme et qui a en outre officiellement reçu le Dalaï Lama, perçu par le gouvernement chinois comme étant un séparatiste.
Avec l’arrivée des États-Unis parmi les pays à SDA, beaucoup de Chinois souhaiteront probablement profiter de leur séjour dans ce pays pour faire un détour par le Canada (en utilisant les circuits classiques tels que New York – Toronto), mais ce ne sera pas possible tant que ce dernier n’aura pas obtenu ce fameux statut. Bref, toute l’industrie touristique attend ce moment avec impatience
Évolution du tourisme… qui dit mieux?
Selon l’Organisation mondiale du tourisme, la Chine sera le quatrième pays émetteur de touristes d’ici 2020, avec environ 100 millions de voyageurs dans le monde. Cette hausse est conditionnée par divers facteurs, dont:
- L’augmentation de la population: après des années de croissance fulgurante (51% de 1960 à 1980), le rythme ralentit (6,2% de 2000 à 2010), mais devrait se poursuivre jusqu’en 2040.
- L’économie en plus forte croissance: 8% en moyenne par année depuis 25 ans et la Banque Mondiale se dit optimiste concernant l’avenir de la Chine, malgré les défis et les incertitudes (pauvreté encore très présente, inflation, pollution, etc.). Le PIB (produit intérieur brut)de la Chine devrait progresser de plus de 11% en 2008. À titre comparatif, les pays à revenus élevés ont connu une croissance annuelle moyenne de 2,3% depuis 1996.
- Une classe moyenne qui prend de l’ampleur: selon la China Brand Strategy Association, environ 175 millions de Chinois peuvent s’offrir des biens de luxe, soit 13% de la population. En 2010, ce nombre passerait à 250 millions.
- Plus de vacances: depuis 1999, les Chinois bénéficient de trois semaines de congés fériés réparties dans l’année (la plupart des voyages se font durant ces périodes); en outre, les employés du gouvernement disposent, depuis 2000, de 14 jours de vacances supplémentaires par année et cette pratique rejoint d’autres secteurs d’emploi dans les villes.
Il est important de modérer les données concernant les voyages internationaux des Chinois en raison de la comptabilisation des régions administratives spéciales de la Chine que sont Hong Kong et Macau ainsi que l’État de Taïwan. Hong Kong et Macau accueillent à eux seuls 58% des 41 millions de voyageurs chinois internationaux. Par ailleurs, ces territoires représentent d’importants marchés pour le Canada (Taïwan 92 900 visiteurs et Hong Kong 109 700 visiteurs en 2006) et ne sont pas assujettis aux règles relatives au Statut de destination autorisée.
Mais où voyagent-ils? Viennent-ils au Canada?
Quoiqu’il s’agisse d’un petit pourcentage de la population, près de 41 millions de Chinois ont voyagé à l’étranger en 2007. De ce nombre, 36,3 millions de voyages s’effectuent en Asie: Hong Kong, Macau, Singapour, la Thaïlande, le Japon, le Vietnam et la Corée du Sud totalisent ainsi 86% des voyages internationaux.
Parmi les destinations long-courrier se trouvent l’Australie, l’Allemagne, les États-Unis, l’Italie et la France, l’ordre d’importance de ceux-ci variant selon les sources.
Malgré l’absence de ce précieux statut, le Canada reçoit un nombre important de touristes chinois qui voyagent principalement par affaires ou pour visiter de la famille, mais qui en profitent très souvent pour faire du tourisme d’agrément.
Potentiel pour le Canada
Selon le profil du marché chinois réalisé par VisitBritain, le Canada se place en quatrième position parmi les destinations rêvées (sans contraintes budgétaires). Il y a déjà un plus grand nombre de touristes chinois qui viennent au Canada plutôt qu’au Royaume-Uni ou en Nouvelle-Zélande, qui pourtant détiennent le SDA, ce qui porte à croire qu’une fois ce statut obtenu la croissance des arrivées pourrait s’accélérer.
À la suite d’une étude de consommation en Chine réalisée en 2006, la Commission canadienne du tourisme confirme que l’intérêt de ce marché pour le Canada est élevé. Même avec une estimation prudente réalisée à partir des résultats de l’enquête sur l’intérêt à visiter le Canada, la CCT évalue que cet intérêt représente un marché de quelque 500 000 visiteurs chinois potentiels dans les années suivant l’obtention du SDA.
Qui, parmi notre industrie touristique, se prépare à recevoir ce marché? Faites-nous part de vos initiatives en laissant un commentaire au bas de cette page!
Ne manquez pas le profil du marché chinois dans la prochaine édition du Globe-Veilleur.
Sources :
– CANSIM. «Enquête sur les voyages internationaux».
– Commission canadienne du tourisme. «Recherche auprès des consommateurs en Chine», 2006.
– Commission canadienne du tourisme. «Rapport trimestriel sur le marché, Chine», juillet à septembre 2007.
– McEwen, Anne. «Waiting for China’s Tourism Tiger», Capital News Online, 30 mars 2007.
– Mccabe, Aileen. «China Approves U.S. as Tourist Destination», 13 décembre 2007.
– Mintel. «China Outbound, Travel & Tourism», Analyst, no 19, novembre 2007.
– Tourism Australia. «China, ADS Visitor Experience Study», 2003.
– Visit Britain. «China, Market & Trade Profile», mis à jour en janvier 2007.
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