Client, produit, concurrence, Web… un joyeux «melting pot» de tendances!
À quoi le voyageur ressemble-t-il? Quels sont les produits qui lui plaisent? Dans quel type d’environnement évolue l’industrie touristique? Que nous réservent la technologie et Internet? Voici la suite des incontournables qui rythment notre industrie avec les hétéroclites, les populaires, les marginaux, les essoufflants et les étourdissants.
Les hétéroclites
On s’éloigne de la culture de masse. Le marché se fragmente et est intimement lié aux sociostyles. Essayer de définir tous les profils possibles devient un véritable tour de force.
- Sociostyles – ils constituent un heureux mélange de courants sociaux, de modes, de valeurs, d’intérêts, de parcours personnels et professionnels, d’obligations, etc.
- Segmentation – il suffit de brasser tous les sociostyles ensemble et les profils de clientèle se segmentent presque à l’infini: seniors actifs, gais, familles mondialisées, gangs de filles, travailleurs en vadrouille, bobos (bourgeois bohèmes), étudiants et travailleurs en sabbatique, célibataires, amants de la nature, classe élite de voyageurs d’affaires, fanatiques du sport, etc. Les différents segments peuvent souvent transcender les groupes d’âges: il est possible d’être un nouveau papa à 20, 30, 40 et même 50 ans ou de gravir le Kilimandjaro à tout âge.
- Hybride – un même voyageur peut se payer un week-end de luxe en amoureux, se reposer en famille sur une plage du Sud dans un resort tout compris et réserver par la suite un forfait aventure en Patagonie avec ses copains. Un même voyageur, mais une façon différente de le rejoindre et de s’adresser à lui.
- Personnalisation – le touriste souhaite du sur-mesure.
Les populaires et les marginaux
D’un côté, plusieurs produits très populaires tendent à se différencier et à se personnaliser et, de l’autre, les marchés de niche gagnent en popularité.
- Phénomène long tail – c’est l’abondance de variété, de choix. L’avenir est au marché de niche, à l’exploitation de créneaux spécialisés. Internet met fin aux limites physiques et géographiques de même qu’à la suprématie des grandes entreprises. Il offre un choix illimité de produits et il en facilite la recherche et la distribution.
- Niches – tourisme religieux, visite de lieux de bataille, aventure extrême, lune de miel spécialisée pour la clientèle gaie, circuits de magasinage lors de la période des soldes, tourisme médical, slow travel, séjour gastronomique, observation des oiseaux, cours de toutes sortes (peinture, vin, langue, cuisine, etc.), nommez-les…, ils peuvent trouver preneur.
- Courts séjours – ils deviennent presque la norme.
- Luxe – la demande de villas privées est en hausse, le luxe s’intéresse au camping, les grands du luxe apposent leur signature dans l’hôtellerie. D’un côté, le nombre de gens fortunés augmente et ils recherchent de plus en plus d’intimité et des produits hors du commun. De l’autre, le luxe se démocratise car, peu importe le niveau de revenus, beaucoup de gens veulent, à un moment ou à un autre, se «payer du luxe». Par conséquent, le luxe emprunte de nouvelles avenues et ce genre de produit affiche une forte croissance.
- Santé et bien-être – pour contrer l’effervescence du quotidien, pour atténuer les effets du stress au travail, pour s’accorder un temps d’arrêt et relaxer, pour recharger ses batteries, pour se dorloter – rien n’indique que ces besoins s’estomperont dans un avenir rapproché.
- Voyages multigénérationnels – les grands-parents voyagent avec leurs petits-enfants ou se joignent à la famille.
- Combinaison affaires et agrément – on joint l’utile à l’agréable. Les voyageurs d’affaires prolongent leur séjour pour visiter les alentours et sont souvent accompagnés de membres de la famille.
- Croisières – ce produit ne s’essouffle pas car il a su s’adapter à différents créneaux de clientèles en développant des thématiques diverses: croisières fitness et spa, familiales, religieuses, gaies, artistiques, scientifiques, gourmandes, de luxe, etc. On assiste à une surenchère quant à la capacité des navires, au design, au luxe et aux activités offertes. Les itinéraires en Asie et en Europe (Croatie, mer Noire) gagnent en popularité, de même que les services à la carte.
- Hébergement – l’hébergement traditionnel perd du terrain au profit des art hotels, lifestyle hotels, hôtels-capsules, hôtels sous l’eau, condos-hôtels, campings de luxe, échanges de maisons ou de canapés, yourtes, tipis, etc.
- Terroir, santé, bio, raffinement – la gastronomie occupe une grande place dans l’expérience touristique. Les produits du terroir sont recherchés et mis en valeur. Les gras trans sont honnis ou bannis. Les portions s’ajustent aux appétits (petites bouchées, entrée seulement ou choix de portion). La fraîcheur est de mise et le bio fait son «frais». Les goûts se raffinent, les produits aussi (huiles, sels, eaux, etc.). Que dire de la cupcake revolution? Elle frappe fort!
Les essoufflants
Pas de répit à l’horizon! La concurrence ne cesse de s’accentuer. Pour se tailler une place et la garder, il faut savoir se renouveler.
- Concurrence – elle force à faire des prouesses. Elle n’a pas fini d’étonner en se multipliant, en se démarquant, en se personnalisant, en s’éclatant. Les destinations hot? Elles changent au gré des sources, des humeurs du voyageur et des battages médiatiques. L’Espagne, New York et l’Australie côtoient Abu Dhabi, le cap Vert, Reykjavik, la Lituanie et Madagascar. Même les villes américaines, comme Baltimore ou Cleveland qui ne sont pas des icônes touristiques, se réinventent et deviennent très compétitives: projets de développement d’envergure, centre ville revitalisé, habité et animé, nouvelles infrastructures de congrès.
- Chine et Inde – deux marchés gigantesques, tant émetteurs que récepteurs, en pleine effervescence.
Originalité, folie et démesure – cette tendance est à la hauteur de ses ambitions! Macao veut surpasser Las Vegas. La région du Moyen-Orient, avec Dubaï en tête, continue de concrétiser des projets au superlatif. Les voyageurs dans l’espace se préparent pour l’embarquement. On construit des hôtels démontables, transportables et même dirigeables. Les lits en forme de cercueil trouvent preneurs. Nous n’avons encore rien vu!
Source: Manned Cloud, Studio Massaud en partenariat avec ONERA – centre français de recherche aérospatiale.
- Différenciation et innovation – des moyens de survie à notre disposition. Un moyen de penser le tourisme autrement afin de contrer les effets néfastes qu’il génère.
Les étourdissants
Le grand parapluie s’appelle Web 2.0. Il modifie radicalement les façons de communiquer et il évolue à une vitesse effarante. Savoir en tirer profit donne une longueur d’avance sur la concurrence.
Il permet au consommateur de s’exprimer et d’échanger…
- Médias sociaux, blogues, etc. – l’entreprise et les médias n’ont plus le monopole de l’information; le consommateur s’en mêle (Facebook, YouTube, Travelistic, FlickR, etc.) et une interaction s’installe. Les bons coups comme les mauvais s’y propagent à la vitesse de l’éclair. L’univers virtuel permet même de s’inventer un personnage et une entreprise (SecondLife).
Il garnit le coffre à outils du voyageur branché…
- e-touriste – que ce soit pour trouver le plus bas prix pour un billet d’avion (métamoteurs de recherche, Kayak, Farecast), pour se tenir informé des dernières aubaines disponibles (flux RSS), pour connaître l’appréciation des voyageurs sur la qualité d’un hôtel (Tripadvisor, IgoUgo), pour localiser le meilleur siège disponible dans un avion (SeatGuru), pour dénicher le partenaire de voyage idéal (TravBuddy)… tout ce pouvoir se trouve au bout des doigts du voyageur.
Il offre à l’entreprise, petite et grande, des occasions en or de s’annoncer et d’interagir avec le consommateur…
- Génération Participation – un dialogue s’installe entre le consommateur et l’entreprise. Elle écoute le point de vue du consommateur, lui fait tester ses produits et crée ses publicités avec son aide.
- Marketing viral – type de marketing qui se pratique sur le Web et qui se propage.
- SMO – Social Media Optimisation – après le SEO (search engine optimisation), voilà que l’on commence à parler du SMO.
- Mobile – tout tourne autour de la mobilité que procurent les appareils portatifs (téléphone cellulaire, Blackberry, iPod, etc.). On y télécharge du contenu multimédia sous toutes ses formes: publicités, cartes routières, podcasts de visites guidées, etc. Après l’écran du téléviseur et de l’ordinateur, l’écran du téléphone cellulaire devient le troisième instrument de communication et de marketing d’importance et ce, grâce, entre autres, aux SMS (short message service).
- Web 3.0 – S’agit-il du web sémantique, de la technologie devenue intelligente? Pour l’instant, il alimente les discussions.
- Cyber-recrutement – un mode de recrutement qui représente une voie incontournable pour courtiser le bassin de jeunes travailleurs.
Essoufflé?
Désolé, le changement, lui, ne présente aucun signe d’essoufflement!
Sources:
– Chesshyre, Tom. «40 Travel Trends and Tips for 2008», TimeOnline, 29 décembre 2007.
– Deloitte – Tourism, Hospitality & Leisure. «Industry Trends 2008», [www.deloitte.com].
– Freeman, Andrew. «2008 Top Hotel and Restaurant Trends to Watch», Hotel & Resort Insider, janvier 2008.
– Harpaz, Beth J. «Cruise Trends – New ships, More Luxury», ETurboNews, 28 janvier 2008.
– Levine, Daniel. «American Trends Important To Know», Tourism Industry Association of Canada / TIAC’s Leadership Summit, novembre 2007.
– TripAdvisor.com. «Travelers Predict ’08 Trends in Annual TripAdvisor Survey», communiqué de presse, 25 octobre 2007.
– Réseau de veille en tourisme. Analyses produites au cours de 2007.
– Sanders, Lorraine. «Daily Travel Advice, Tips and Ideas from TravelPost.com and Around the Web», [TravelPost.com], 17 janvier 2008.
Vous désirez diffuser cet article ? Voir notre politique de diffusion ›
Consultez notre Netiquette