Virage vert: certains mythes ont la vie dure
D’abord du papier, pour des centaines, parfois des milliers d’envois postaux, ensuite des tonnes de déplacements en voiture et en avion, puis une grande quantité de vaisselle jetable, d’ustensiles et de bouteilles d’eau en plastique qui rempliront les conteneurs à déchets, d’importants surplus de nourriture intouchée qui seront jetés, des produits dérivés souvent inutiles qui finiront en grande partie à la poubelle… Les réunions et les congrès laissent une lourde empreinte environnementale. Selon le projet «Pour des événements écoresponsables», mis de l’avant par le Réseau québécois des femmes en environnement, chaque participant à une conférence de 3 jours produit 30 kg de déchets, cinq fois plus qu’il ne le fait dans son quotidien. Mais les réunions permettent des contacts privilégiés essentiels et doivent continuer d’offrir des occasions uniques de rassembler des gens autour d’un intérêt commun. Heureusement, on perçoit une volonté de rendre ces événements plus «écoresponsables».
Du 19 au 21 février dernier se déroulait à Vancouver la conférence 2008 Greening the Hospitality Industry. Ce rendez-vous devait permettre aux participants de s’outiller pour prendre le virage vert. Démystifions d’abord cette tendance.
Mythes
De plus en plus d’organisateurs de réunions et de congrès sont interpellés par cette tendance aux événements plus verts, mais il perdure une résistance à une réelle intégration de telles mesures, souvent à cause d’un certain nombre de mythes et d’idées préconçues véhiculés à ce sujet. En voici quelques-uns:
Ça coûte trop cher
Faux: Les réunions vertes ont pour but, entre autres, d’augmenter l’efficacité économique et environnementale en minimisant l’utilisation des ressources et en réduisant les pertes générées par les activités de réunions et de congrès. On peut commencer par intégrer des éléments qui demandent peu d’effort tout en résultant en une diminution automatique des coûts, par exemple le recours à des pichets d’eau et à des verres plutôt qu’à des bouteilles jetables. D’autres mesures, comme la mise en place d’outils écoénergétiques, exigent des investissements qui rapporteront à moyen terme (souvent entre deux et cinq ans).
C’est tout ou rien
Faux: Chaque effort compte! On peut très bien intégrer une seule action pour commencer, la mentionner avant la tenue de l’événement et la rappeler en cours d’activité: «(…) Comme première action pour prendre le virage vert nous avons choisi de réduire les communications papier.»
Ça implique énormément d’efforts
Faux: Les composantes vertes peuvent remplacer aisément un grand nombre d’activités déjà existantes; il faut simplement garder à l’esprit ce souci d’économie des ressources et de réduction de la consommation et faire des choix en ce sens. Par exemple, on emploie de la vaisselle lavable plutôt que celle en plastique jetable.
C’est pour les environnementalistes
Faux: un nombre croissant d’organisations provenant de divers domaines prennent le virage vert en incorporant à leurs activités des mesures proenvironnementales. Pensons notamment à:
- Starbuck, dont la mission même comporte plusieurs mesures vertes, comme s’efforcer à utiliser et à vendre des produits qui sont proenvironnementaux.
- Toyota avec, entre autres, son Plan d’Action environnemental 2006-2010, qui comprend des mesures spécifiques et des objectifs d’amélioration de sa performance environnementale.
- Fairmont Hotels & Resorts, en avance sur son temps, qui a mis sur pied en 1990 le Partenariat Vert de Fairmont, un véritable guide de bonnes pratiques vertes pour l’industrie hôtelière.
- Transat avec, notamment, son programme de soutien pour des projets de tourisme durable.
La qualité du service et de l’expérience en sera réduite
Faux: La plupart des mesures passent inaperçues aux yeux des clients/participants. De plus, comme ceux-ci bien souvent les ont déjà adoptées dans leur quotidien et qu’ils sont de plus en plus soucieux de leur empreinte environnementale, ils s’attendent à ce qu’on agisse de façon responsable. Une alimentation saine interpelle aussi davantage de gens, les menus réalisés à partir de produits locaux et de qualité seront applaudis. Ceux qui poursuivent leur séjour apprécieront en outre la réduction du nombre de produits dérivés et de documents papier à transporter.
Les réunions vertes permettent notamment de:
- faire des économies et parfois gagner du temps;
- réduire l’utilisation des ressources non renouvelables et renouvelables;
- consommer de façon plus responsable et sensibiliser les participants à l’adoption de bonnes habitudes;
- s’inscrire dans le processus de développement durable;
- créer un avantage compétitif et bonifier sa réputation;
- répondre à une demande grandissante.
Le terme «vert» signifie ici «développement durable» et sous-entend, par le fait même, les considérations économiques, sociales et environnementales. Selon le Green Meeting Industry Council (GMIC), une réunion verte se définit comme suit:
«Incorporate environmental considerations throughout all stages of the meeting process in order to minimize the negative impact on the environment and make a positive impact to host communities in terms of environmental and social legacies.»
Tous les acteurs sont interpellés
Malgré la résistance de certains à adopter ce virage pour les raisons évoquées plus haut, les planificateurs d’événements rechercheront de plus en plus des destinations et des fournisseurs qui se soucient de leur empreinte environnementale et qui adoptent un comportement plus responsable. Il peut s’agir de la volonté du client, de la pression exercée par certains intervenants ou encore du bon vouloir du planificateur. Cette voie, chacun devra la prendre un jour ou l’autre.
À suivre dans un prochain Globe-Veilleur: S’outiller pour organiser des réunions «vertes».
Source:
– Conférence «2008 Greening the Hospitality Industry», Green Meeting Industry Council, 19-21 février 2008, Vancouver.
Sites Internet:
– Green Meeting Industry Council
– Événement Écoresponsable
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