Des offres touristiques importées d’ailleurs
Nous assistons à l’arrivée en Europe de prestations touristiques qui ne manquent pas d’imagination! Des offres exotiques venues d’ailleurs sont importées pour être vécues à proximité. Ces nouveaux séjours permettent au voyageur réfractaire aux longs déplacements d’expérimenter des cultures étrangères près de chez lui. Regard sur ce récent phénomène et sur les facteurs qui en favorisent l’apparition.
Plusieurs informations présentées dans cette analyse sont issues d’articles publiés dans la Revue Espaces d’octobre 2010, cités ci-bas.
Des expériences à la fois locales et exotiques
La première industrie qui a connu ce phénomène de consommation de l’ailleurs chez soi est sans doute la restauration. En effet, quoi de plus banal que de manger un mets japonais ou mexicain dans une capitale européenne ou nord-américaine? Par la suite, ce sont les métiers de la scène et de l’art qui ont suivi la tendance. En effet, assister à un spectacle folklorique étranger ou à une exposition d’artistes venus d’ailleurs, voire à des festivals ethniques, n’est pas inhabituel.
En matière de dépaysement local, l’hébergement alternatif a aussi connu son lot d’innovations. Des yourtes (tentes mongoles) servent d’hébergement sur le territoire québécois et des igloos accueillent des touristes dans les Alpes françaises. Même les activités hivernales telles que la randonnée en raquettes et les excursions en traîneau à chiens ne sont plus l’apanage des destinations dites «hivernales» comme le Canada, la Scandinavie et l’Alaska. Désormais, on les pratique également en France, notamment dans le village nordique Williwaw à la station d’Orcières.
Sources: Orcieres
Depuis quelques années, ce phénomène d’importation de culture étrangère s’élargit et ce sont aujourd’hui des villages et des campements exotiques qui voient le jour en Europe.
Jamais l’Amérique ni l’Afrique n’auront été aussi proches de l’Europe!
Nous ne sommes pas en Afrique mais bien en Ardèche, en France. Depuis 2009, le temps de la saison estivale, les touristes peuvent être hébergés au campement Tamana, un village traditionnel africain créé par le voyagiste Point Afrique spécialisé dans les destinations subsahariennes. Tamana offre des séjours exotiques et dépaysants, à même le territoire français. On y dort dans des cases maliennes, des tentes mauritaniennes ou encore des paillotes nigériennes.
Source: Trekmag
Riche de sa connaissance du continent noir, le voyagiste introduit la culture africaine en Europe. Le campement devient alors un lieu privilégié pour ceux qui veulent goûter à la cuisine subsaharienne, participer à des ateliers de confection de produits artisanaux ou assister à des soirées sur les légendes et les contes africains.
Dans le même ordre d’idées, l’Amérique du Nord s’installe dans le pays de la Loire. La Sarthe accueille chaque année, de la mi-avril à la fin octobre, un village amérindien où l’on peut effectuer des séjours de découverte de la culture et du mode de vie amérindiens. Le site qui porte le nom «Les tipis du bonheur» offre un hébergement en tipi et propose des activités traditionnelles d’initiation à la vie des Sioux, telles que la danse et le tir à l’arc. Même les repas québécois y sont à l’honneur.
Pour plus de détails, voir cette vidéo:
Source: Le bonheur de vivre
Certains crieront au manque d’authenticité. Mais est-ce légitime de critiquer lorsqu’on sait que les campements emploient des animateurs originaires de ces destinations et gardiens de ces traditions?
L’Allemagne n’est pas en manque d’offres touristiques importées d’ailleurs. Les visiteurs d’Europa Park peuvent séjourner dans un vrai camp de cowboy et vivre une expérience du Wild West. Le « Tipi Village » propose de l’hébergement en roulottes western, en maisons en bois rond ou pour les plus téméraires dans des tipis indiens. Le divertissement est également au rendez-vous : ballades à cheval et ambiance Far West dans le restaurant dit « Saloon» amusent petits et grands.
Source: Europa Park
Parmi ces exemples, nous ne pouvons nous empêcher de citer la ville de Las Vegas dont plusieurs hôtels tel que The Venitian, le Paris Las Vegas ou le Luxor resort reprennent des thématiques de villes, voir de civilisations anciennes. Ainsi y trouve-t-on des répliques de monuments de renommée comme la façade du Palais des Doges, la Tour Eiffel ou le Campanile de Venise. Plusieurs copies de statues antiques Greco-romaines et pharaoniques sont aussi reprises. L’hôtel The Venitian offre même des tours de gondoles à travers des canaux longeant des allées de magasins, de cafés et de restaurants, histoire de s’évader en Italie pour un moment.
Source: Las Vegas Sands
Pourquoi ce nouveau style de voyage attire-t-il les gens?
La popularité des courts séjours n’est pas étrangère à l’apparition d’offres touristiques exotiques vécues à proximité. D’autant plus que les courts séjours sont favorisés par une accessibilité géographique et économique. Leur croissance se poursuivra assurément. En effet, selon IPK, une firme d’étude de marchés touristiques, le nombre de voyages de courte durée (d’une à trois nuits) a augmenté de 10% durant les huit premiers mois de 2010. Plus encore, le rapport ITB World Travel Trends 2010-2011 prévoit une augmentation des voyages de courte durée pour l’année en cours.
Ces nouveaux séjours importés d’ailleurs sécurisent une certaine clientèle qui les trouve moins risqués qu’à l’étranger, que ce soit sur le plan politique, sanitaire ou environnemental. De plus, l’attractivité pour des séjours à thèmes et des offres originales et insolites renforce à son tour la pertinence de ce nouveau type de tourisme. Il ne faut pas oublier le vieillissement de la population; les touristes plus âgés sont moins enclins à effectuer de longs trajets.
Les puristes de l’environnement y trouvent également leur compte, car ce nouveau phénomène limite les déplacements et préserve les destinations reculées de l’impact de l’activité touristique. Ces voyages de proximité représentent aussi une façon de se libérer des voyages surorganisés et favorisent davantage les voyages indépendants, en croissance depuis quelques années.
L’offre de séjours d’ailleurs à proximité apporte originalité, dépaysement et exotisme à moindre coût dans un environnement connu et sécurisant. Ces offres peuvent constituer des solutions de remplacement aux grands voyages, mais elles peuvent aussi servir d’avant-goût ou d’introduction à une destination. Bien que l’authenticité de l’expérience puisse être remise en question, elle satisfait les visiteurs avides de découvrir des produits insolites et des cultures d’ailleurs.
Sources:
– Espinasse, Catherine. «L’ailleurs ici? À la rencontre de l’autre près de chez soi», Revue ESPACES, octobre 2010.
– ITB World Travel Trends 2010/2011
– Michel, Franck. «À la recherche d’un tourisme alternatif de proximité», Revue ESPACES, octobre 2010.
– Mourlevat, Marylène. «Weekendtour met l’insolite en boîte», Revue ESPACES, octobre 2010.
Sites Web:
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Article interressant ,et pour le compléter puisque je suis le créateur des Tipis du Bonheur de Vivre ,combien de clients depuis 8 ans m’ont dit qu’ils avaient plus appris chez nous que sur les terres amérindiennes …..à méditer
Ok pour dire que votre idée est originale comme business.
Votre phrase de trop c’est « combien de clients depuis 8 ans m’ont dit qu’ils avaient plus appris chez nous que sur les terres amérindiennes ».
Sachez restez humble. ça frise le mythe de tarzan …
Merci pour cet exotisme chez soi. Le tourisme alternatif prend de plus en plus de l’ampleur et les échanges nord sud sont appelés à croire dans un contexte de solidarité et de participation en vue d’entretenir et d’encourager les cultures locales mais aussi pour limiter les comportements irrespectueux tant envers les autochtones et leurs traditions qu’envers notre maison commune: la planète terre.
Le tourisme alternatif est la meilleure voie à suivre pour développer les pays du tiers monde en misant sur leurs propres ressources et richesses intrinsèques mais pas seulement: il y a un effort de mise à niveau économique pour aider les pays les plus démunis à survivre avant de leur demander à participer à la protection de l’environnement