Développer une région touristique de façon harmonieuse, c’est possible! (Compte rendu de conférence)
Comment assurer un développement récréotouristique durable et harmonieux propice à la mise en valeur d’une région, et ce, en se basant sur la concertation? La réponse: la coopérative de solidarité, une entreprise collective privée à l’esprit entrepreneurial. Et ça fonctionne! Nous vous présentons la coopérative de solidarité Vallée Bras-du-Nord dans la région de Saint-Raymond de Portneuf. Par son approche novatrice de gestion et de coopération, elle a remporté une dizaine de prix pour son projet Tourisme, paysage et coopération.
Danielle Larose, initiatrice et conseillère de la coopérative de solidarité Vallée Bras-du-Nord, est venue présenter le projet Tourisme, paysage et coopération lors des Journées RÉSEAU de la Fédération québécoise des organisations locales de tourisme, tenues en avril dernier à Québec. Mme Larose est avocate et conseillère juridique spécialisée en développement local, durable et solidaire dans les secteurs du tourisme, de la culture et auprès des autochtones.
La coopérative de solidarité est une structure de l’économie sociale qui intègre la notion de rentabilité, à la fois économique et sociale. Celle de la vallée du Bras-du-Nord n’est donc pas un organisme à but non lucratif, mais plutôt une organisation collective privée où les revenus générés sont réinvestis dans l’entreprise pour consolider les emplois des membres travailleurs, pour développer des infrastructures et en assurer la pérennité.
Créée en 2002, cette entité est issue d’une concertation locale entre les propriétaires riverains, les entreprises qui offrent des services récréotouristiques, les travailleurs récréoforestiers et touristiques, de même que les intervenants économiques locaux qui souhaitaient un développement de qualité qui mettrait en valeur la superbe vallée du Bras-du-Nord.
Pourquoi instaurer une telle structure?
- Parce que la région possède des attraits significatifs – une vallée magnifique, 35 kilomètres de rivière, de nombreuses montagnes et falaises, une chute majestueuse, un paysage bucolique…
- Pour contribuer à diversifier l’économie d’une communauté agroforestière dans une démarche de développement durable.
- Pour susciter la coopération entre les différents acteurs.
- Pour maintenir l’équilibre entre le développement touristique, l’exploitation forestière, la villégiature, l’environnement et la population locale.
- Pour protéger le territoire et le mettre en valeur.
- Pour élargir la participation active de la population, des entreprises touristiques, des travailleurs forestiers, des visiteurs, des intervenants (municipaux et gouvernementaux) à la mission de la coopérative de solidarité.
- Pour faire converger des intérêts divergents.
- Parce que la coopérative de solidarité unit le meilleur de l’entrepreneuriat collectif et privé.
- Parce qu’elle se base sur les principes de la participation, de la prise en charge, de la responsabilité individuelle et collective.
- Pour exercer un effet de levier significatif pour les entreprises privées.
L’ABC de cette coopérative de solidarité touristique
Qui s’occupe du développement des projets, de la promotion de la région, de l’accueil des visiteurs (information, signalisation sur le territoire, système de navettes pour réduire les déplacements automobiles, etc.) et de l’encadrement sécuritaire de la pratique des activités? La coopérative de solidarité.
Cette dernière privilégie l’encadrement (normes, code d’éthique, guide de bonnes pratiques, contrats de droits de passage, etc.) plutôt que l’instauration de réglementations. Le Plan d’implantation et d’intégration architectural (PIIA) a été établi par la suite afin de protéger les actions volontaires de la population.
La coopérative donne de l’emploi de qualité aux gens de la région, en particulier à des jeunes en situation d’insertion socioprofessionnelle. Depuis huit ans, 80 de ces jeunes ont travaillé d’arrache-pied à l’aménagement de plus de 70 kilomètres de sentiers. Elle sensibilise et mobilise la population en expliquant les projets et en tenant plusieurs actions citoyennes (fête champêtre, trousses d’actions, randonnée éco sommet, colloques, etc.).
Exploiter une coopérative de solidarité n’est pas un parcours qui se fait sans heurt surtout quand il s’agit de rivalités d’intérêts et de respect des droits de chacun. Tout passe par le dialogue et les préceptes du développement durable guident les choix. Le processus décisionnel s’exerce de façon démocratique selon trois types de membership – travailleur, utilisateur, soutien corporatif et individuel – et tous ont voix au chapitre: un membre, un vote.
Le projet Tourisme Paysage et Coopération intègre concrètement les seize principes de développement durable (qualité de vie, protection de l’environnement, efficacité économique, participation et engagement des citoyens, etc.) dans sa gestion courante et dans ses futurs développements.
La suite des choses…
Les gestionnaires ont encore beaucoup de pain sur la planche: consolidation du projet, mise en action du plan stratégique 2008-2012, atteinte de la rentabilité financière et évaluation de la pertinence et de l’impact de l’obtention d’un statut de parc régional. Plusieurs organismes nationaux, régionaux et locaux ont appuyé ce projet et d’autres devraient s’y joindre.
Par ses actions, la coopérative de solidarité Vallée Bras-du-Nord souhaite devenir une destination récréotouristique incontournable au Québec tout en gardant l’authenticité qui la distingue. C’est la grâce qu’on lui souhaite!
Sources:
– Larose, Danielle. «Tourisme, paysage et coopération», Les Journées RÉSEAU FQOLT (Fédération québécoise des organisations locales de tourisme), «Le développement durable en tourisme», tenues les 16 et 17 avril 2008 à Québec.
– La coopérative de solidarité Vallée Bras-du-Nord
– Le Chantier de l’économie sociale
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