Les Canadiens sont-ils insensibles au prix de l’essence?
L’évolution du prix de l’essence figure parmi nos sujets de discussion préférés… après la météo! Les consommateurs ont beau maugréer contre les hausses spectaculaires des tarifs à la pompe, qu’en est-il des répercussions sur les habitudes des Canadiens et des Américains quant à l’utilisation de l’automobile?
Différent des années 1980
Le prix du carburant au Canada et ailleurs dans le monde a battu des records historiques en 2008 (graphique 1). En juin 2008, le prix moyen d’un litre d’essence régulière se détaillait à environ 1,43$ dans une station libre-service de la région montréalaise. Dix ans auparavant, ce même litre se vendait à une fraction du prix, soit 0,57$.
On serait tenté de comparer avec les années 1980, mais le contexte était alors bien différent. Nous vivions à ce moment-là une période de récession économique, ce qui se traduit notamment par une réduction de la consommation en transport et une baisse des ventes d’essence. C’est d’ailleurs ce qui s’était passé à l’époque, alors que, de 1980 à 1984, les prix avaient gonflé de 65%, entraînant une diminution du volume des achats d’essence de plus de 12%.
Les Canadiens s’en moquent!
En dépit de cette inflation vertigineuse des produits pétroliers, les automobilistes n’ont en rien modifié leurs comportements de consommation, du moins au Canada. L’analyse des données de ventes de carburant pour les véhicules automobiles confirme une progression constante de la consommation à l’échelle du pays (graphique 2). Les automobilistes canadiens ont parcouru 332 milliards de kilomètres en 2007, une augmentation de 5,2% par rapport à 2002.
L’une des explications fournies par Statistique Canada est que ces hausses ont été compensées par une baisse substantielle du coût des véhicules automobiles. En effet, en 2002, la part de la voiture dans le budget d’un ménage s’établissait à 6,2% alors qu’elle compte pour 5,3% en 2008. Parallèlement, le poste de dépense d’essence est passé de 2,9% à 3,8% dans le budget des familles canadiennes au cours de la même période. L’effet combiné s’avère donc nul. Ajoutons à cela le fait que l’économie canadienne continue de bien se porter.
Situation différente aux États-Unis
C’est justement un contexte fort différent que l’on observe aux États-Unis. Les conséquences du ralentissement de l’économie se font durement sentir auprès des Américains. À preuve, les coûts élevés à la pompe entraînent des réactions différentes de ce que l’on observe au Canada et influencent directement le comportement des automobilistes.
Selon le département américain des Transports, les Américains ont parcouru 19,6 milliards de kilomètres de moins en juin 2008, soit une baisse importante de 4,7% par rapport au même mois de l’année précédente. On enregistre à ce chapitre un déclin pour un sixième mois consécutif, une première depuis le choc pétrolier de 1973. Évidemment, cette situation a un impact direct sur les déplacements touristiques et les destinations limitrophes sont privilégiées.
La poussée du dollar canadien constitue un autre facteur explicatif de la différence observée entre le Canada et son voisin du Sud. Selon Statistique Canada, les Canadiens ont économisé environ 30 milliards de dollars sur l’achat de l’essence en raison de l’appréciation du dollar canadien.
Quant aux déplacements touristiques des Canadiens en voiture, ils ne semblent pas trop affectés pour le moment. Reste à souhaiter que l’économie canadienne tienne le coup!
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